Le Récit du Trail de l’Étendard : je suis tombé sur plus fort que moi !

Comment finir une saison 2017-2018 plutôt bonne, de la plus belle des manières ?

Pourquoi pas en décidant de courir un trail de 22 km, avec 1000 m de D+, sans entraînement type pour ce genre de course, avec à la clé la promesse de magnifiques moments de vie mais également de magnifiques paysages en plein cœur de la Savoie ?

Voilà comment je me retrouve une nouvelle fois sur la ligne de départ du trail de l’Étendard en ce 29 juillet, un an pile après avoir foulé le parcours de cette course technique.

Encore une fois, je m’aligne sur le 22 km car n’ayant pas du tout préparé ce trail, partir sur le 65 km serait une bien mauvaise idée.

Une ambiance excellente avant la course, quelques échanges avec des coureurs mais également des organisateurs de la course, me permettent petit à petit de me mettre dans cette ambiance bon enfant et joviale typique des trails.

De quoi me faire partir sur des bonnes bases quelques secondes avant le départ.

Car je dois l’avouer, j’ai quelques doutes. Je n’ai pas pu préparer cette course à cause de ma saison de 10 km puis ma tentative de record réussi sur 1 000 m, d’autant plus que sur Montpellier, faire des efforts à plus de 1 000 m de dénivelé ou justement faire un peu de montée est bien difficile voire impossible sans 1 h de route en voiture.

Alors je me demande si je ne vais pas souffrir pendant cette course.

Eh bien encore une fois, je vais apprendre une belle leçon durant cette course : on ne devient pas trailer par hasard.

L’Ouillon : une ascension qui donne le ton !

Contrairement à l’année dernière, la course commence par une petite boucle et non directement par une ascension.

Cela permet d’éviter le bouchon de début de course qui avait eu lieu l’année dernière, la preuve que les organisateurs sont à l’écoute des coureurs, pour notre plus grand plaisir.

Le début sur route étant mon terrain de prédilection, je réussis facilement à être dans les premiers coureurs pour le début de l’ascension de l’Ouillon (2 431 m), le seul moment de la course où je serai d’ailleurs à l’aise.

Sur ce début d’ascension, mes jambes sont lourdes et j’accuse un peu de fatigue (ma voiture est tombée en panne la veille de la course, je n’ai pu me coucher que vers minuit pour me lever à 4 h le lendemain pour être à l’heure sur la ligne de départ !).

Mais après une bonne demi-heure d’ascension, je commence à être chaud et finalement, tout en restant à ma place, je commence à réellement prendre du plaisir à être ici.

Un petit regard en arrière pour voir le paysage me prouve réellement que ce trail est vraiment magnifique.

Malgré la canicule de ces derniers jours, je trouve que la chaleur, bien que présente, n’est pas un véritable adversaire : il fait chaud, je transpire abondamment mais cela reste largement supportable.

Voilà une de mes peurs mise au placard.

Petit à petit, nous arrivons au sommet sous les encouragements des bénévoles et accompagnés par une petite brise d’air rafraîchissante qui fait le plus grand bien.

Puis nous basculons sur la descente de l’Ouillon, discipline que je maîtrise légèrement mieux que l’année derniére pour mon plus grand plaisir. Je joue avec le risque de la chute que j’évite à chaque fois de justesse, jusqu’au col de Croix de Fer où nous attendent encore une fois des bénévoles serviables et tellement sympathiques pour nous chouchouter avant la deuxième ascension vers le refuge de l’Étendard.

Un manque d’entraînement qui me coûte cher !

J’attaque la deuxième ascension de la journée vers ce qui fut, pour moi, une terrible épreuve l’année dernière, et qui sera cette année encore bien pire.

Car après une bonne première moitié, des petites crampes d’estomac commencent à s’inviter à la fête, avec en plus mes cuisses qui font rapidement preuve d’un certain manque de solidarité de leur part, pour cette épreuve que j’ai décidé de m’infliger.

Encore une fois, je me mets donc dans l’optique que, quoi qu’il arrive, je ne dois pas faire de pause pour ne surtout pas prendre le risque de ne pas repartir.

D’ailleurs, pour la première fois depuis que j’ai pu commencer la course à pied, je commence à sentir le mal provoqué sur mon mental, par un vieille sensation qui fait des victimes par milliers chaque année sur les courses : Le Doute.

J’ai réellement l’impression de ne pas être à ma place, je ne me suis pas entraîné et la peur de me blesser fait son apparition.

Pourquoi ne pas juste abandonner, faire demi-tour et cesser cette souffrance qui semble plus grande pas après pas ?

L’avantage, c’est que pendant ces quelques minutes de réflexion, je ne cesse pas de progresser et petit à petit, le deuxième ravitaillement commence à apparaître, chassant provisoirement ces idées de ma tête.

Mais une question reste quand même présente : comment vais-je pouvoir finir cette course ?

Une descente mortelle !

L’avantage de connaître le parcours, pour avoir déjà fait cette course, c’est que je sais ce qui m’attend :

une longue descente jusqu’à Saint-Sorlin-d’ArvesLe désavantage de connaître la course, c’est que je sais aussi que m’attend une longue descente bien technique et casse-pattes, qui va être un supplice vu comme mon corps entier semble déjà douloureux.

C’est alors que je commence à me lancer des petits défis :

cours une minute, marche deux autres minutes, cours jusqu’à cette trace, jusqu’à ce virage, mais à chaque fois, accomplir ces objectifs devient de plus en plus dur.

L’idée d’abandonner commence à faire de nouveau son apparition.

D’ailleurs ne voyant plus de coureurs ni derrière moi, ni devant, je commence même à me demander si je ne suis pas le dernier de la course et même si je vais respecter la barrière horaire (ce qui, avec le recul, est la preuve même d’un manque de lucidité dû à l’effort car cela était impossible au vu de mon temps de course, très proche de celui de l’année dernière).

Mais tout cela jusqu’à ce que mon sauveur fasse son arrivée.

Je ne remercierai jamais assez Ludovic pour ses quelques paroles qui sont arrivées au bon moment et ont complètement changé mon état d’esprit !

Elles m’ont permis de m’accrocher. Je sais que tu passeras par là, alors un grand merci à toi, l’ami 😉

Chaque mètre est toujours aussi difficile, mais plus ceux-ci passent, plus je cours des distances de plus en plus longues.

Je ne pense même plus à abandonner, je n’ai qu’une seule image en tête : le franchissement de la ligne d’arrivée !

Je n’ai pas souffert pendant une bonne quinzaine de bornes pour me stopper maintenant !!

Aujourd’hui ne sera pas le jour de mon premier abandon !

Alors je reprends un rythme convenable, je double de nouveaux quelques coureurs autant dans le dur que moi, en leur glissant quelques mots d’encouragement, espérant déclencher chez eux le même déclic qui a eu lieu quelques minutes auparavant dans mon esprit.

Au loin, le son du speaker commence à se faire entendre. Je vais le faire encore une fois !

Je vais terminer le Trail de l’Étendard mais cette fois-ci, oh non je ne serai pas trailer mais plutôt un rescapé, un survivant.

Une dernière petite surprise des organisateurs avec une arche d’arrivée à la fin d’une petite pente, comme pour nous faire mériter jusqu’au bout notre statut de finisher, puis la voilà, l’arche tant attendue !

Je suis finisher en 3h54, à la 83e place sur 172 participants.

Aujourd’hui j’ai pris une lecon de vie !

Qu’est-ce que j’ai pu être arrogant en pensant que mon entraînement sur 10 km durant toute l’année ainsi que les heures en montagne l’année d’avant auraient été suffisantes. Mais loin de là !

Aujourd’hui, j’ai appris que courir un trail, même de 22 km, nécessite réellement une bonne préparation.

Mais j’adore ce genre de « défaite » car j’ai maintenant les bases pour progresser, et surtout venir prendre ma revanche dans un an, histoire de ne pas rester sur cet échec.

Encore une fois, si tu aimes la montagne, si tu aimes en prendre réellement plein les yeux, alors je te recommande fortement de participer à cette course, qui a seulement pour but de devenir une course pour les passionnés et non une grosse machine à fric. Et pour cela, elle mérite plus de participants.

Merci à tous les bénévoles et à l’organisation pour leurs sourires et leurs encourgements. Rien à redire ! À Saint-Sorlin-d’Arves, on sait accueillir !

Merci à tous pour vos mots gentils, vos conseils et vos messages qui me poussent toujours plus à continuer à développer « Osez courir », qui existe aussi aujourd’hui grâce à vous.

Bravo à tous les participants, il fallait avoir les jambes mais également le mental pour venir à bout de cette course. Vous avez tous de quoi être fier, du premier au dernier 😉

A l’année prochaine avec, qui sait, peut-être toi à mes côtés cher lecteur. Pourquoi ne pas prendre le risque d’oser te surpasser ?

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